L’Affaire Seznec 5 (1993-2014)

Le film d’Yves Boisset (1993). Les deux dernières demandes en révision. Le rejet du 14 décembre 2006. Innocence totale ou doute ?

Chapitre 1 (du début de l’affaire au renvoi devant la Cour d’assises) Cliquez Ici

Chapitre 2 (Procès de Guillaume Seznec devant la Cour d’assises de Quimper en 1924, envoi au bagne de Guyane, libération et retour en France en 1947) Cliquez Ici

Chapitre 3 (Actions menées par l’ancien juge Hervé et la Ligue des Droits de l’Homme, requête en révision, mort de Guillaume Seznec le 13 février 1954) Cliquez Ici

Chapitre 4 (Demande en révision du 9 juin 1977. Vote d’une nouvelle loi sur les révisions des condamnations pénales (novembre 1988) Cliquez Ici

Chapitre 6 (Publication de"Pour en finir avec l’Affaire Seznec". Témoignage de Petit-Guillaume, fils de Seznec. Les fouilles de Morlaix. Trois nouveaux livres. Polémiques) Cliquez Ici

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Le film "L’Affaire Seznec" de Yves Boisset.

En janvier 1993, la chaîne de télévision TF1 projette un film de 3 heures en deux épisodes "L’Affaire Seznec" tiré du livre de Denis Langlois. Le réalisateur en est Yves Boisset, le scénariste Alain Scoff. Les principaux interprètes Christophe Malavoy (dans le rôle de Guillaume Seznec), Jean Yanne (Pierre Quémeneur), Nathalie Roussel (Marie-Jeanne Seznec), Madeleine Robinson (la mère de Seznec), Jacques Spiesser (Emile Petitcolas, journaliste, beau-frère de Seznec), Roland Blanche (le commissaire Vidal), Maxime Leroux (l’inspecteur Bonny).

L’audience est proche de 10 millions de téléspectateurs.

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Yves Boisset pendant le tournage du film.

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Interview de Me Denis Langlois.

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Interview de Alain Scoff, scénariste du film.

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Me Langlois s’efforce d’actualiser l’Affaire Seznec. "Télé Journal", 28 décembre 1992 (Interview de Bernard Joly).

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"Elle", septembre 1992.

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"Télérama", décembre 1992.

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Annonce du film dans "Télé Star", janvier 1993.

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Christophe Malavoy dans le rôle de Guillaume Seznec avant son arrestation.

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Nathalie Roussel (Marie-Jeanne Seznec) et Christophe Malavoy.

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Malavoy-Seznec et Jean Yanne (Pierre Quémeneur).

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Malavoy-Seznec conduit au Palais de Justice de Quimper.

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La foule hostile devant le Palais de Justice de Quimper.

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Nathalie Roussel (Marie-Jeanne) et Madeleine Robinson (mère de Seznec) pendant le procès.

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Malavoy-Seznec est condamné aux travaux forcés à perpétuité par la Cour d’Assises de Quimper.

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Départ des bagnards de Saint-Martin-de-Ré. (Malavoy-Seznec lit le dernier télégramme envoyé par Marie-Jeanne Seznec.)

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Malavoy-Seznec au bagne de l’Ile Royale.

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Malavoy-Seznec vieilli.

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"L’Affaire Seznec" est élue meilleur film de télévision projeté en 1993. Yves Boisset est récompensé comme meilleur réalisateur et meilleur adaptateur (avec Alain Scoff).

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En octobre 1992, paraît une nouvelle édition de "L’Affaire Seznec" aux éditions Plon.

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"Politis", 8 octobre 1992, article de Florence Ferry.

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"La Voix du Nord", janvier 1993, article de René Rodrigo.

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Me Denis Langlois, qui n’est plus l’avocat de la famille Seznec, exprime, dans la revue "Atelier 89" de janvier 1993, son point de vue sur l’affaire Seznec :

"Pourquoi m’occuper d’une affaire vieille de 70 ans ? En fait, une injustice reste d’actualité, aussi longtemps qu’elle n’a pas été réparée. Je n’ai jamais eu l’impression de jouer à l’historien penché sur un dossier poussiéreux, mais de défendre des droits et libertés d’aujourd’hui, de donner la parole à tous les innocents qui croupissent actuellement dans les prisons de France et d’ailleurs.

Guillaume Seznec était-il innocent ? Depuis 15 ans je me suis souvent posé la question. Je pense qu’il n’a pas tué son ami Quémeneur, mais pour le reste je ne suis sûr de rien. L’énigme subsiste. Cependant, il y a une chose qui me semble incontournable : l’accusation n’a pas réussi à établir formellement la culpabilité de Seznec. En bonne justice, il devait donc être acquitté, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute."

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Au moment où le film est projeté, Denis Seznec publie un livre "Nous, les Seznec" aux éditions Robert Laffont. Ce livre, grand succès de librairie, sera réédité à plusieurs reprises.

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"France-Soir", 24 mars 1990

Pendant ce temps, la procédure en révision suit son cours. Un expert privé en criminalistique, Loïc Le Ribault, qui dirige le CARME (Centre d’applications et de recherches en microscopie électronique) effectue une expertise à partir de photocopies et conclut que les faux reprochés à Guillaume Seznec ne sont pas de sa main. Il désigne même le véritable coupable : Me Jean Pouliquen, notaire et beau-frère de Quémeneur. Cette expertise est versée au dossier par les nouveaux avocats de la famille Seznec. Me Langlois n’y était pas favorable.

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L’audience de la Commission des révisions est fixée au 4 juin 1993.

A la veille de cette audience, Denis Seznec fait interviewer par une chaîne de télévision un témoin, Louise Héranval, qui en 1923, alors qu’elle avait 16 ans, a reconnu sans hésitation Seznec comme l’acheteur de la machine à écrire ayant servi à taper les fausses promesses de vente. Employée alors au magasin Chenouard du Havre, c’est elle qui lui avait vendu cette machine. Aujourd’hui, à 85 ans, elle revient sur son témoignage et affirme, dans une attestation rédigée par un journaliste et signée par elle, avoir fait cette déclaration sous la pression de la police.

Les magistrats de la Commission présidée par M. Paul Malilbert apprécient peu cette nouvelle méthode médiatique d’entendre les témoins. Ils auraient préféré que la primeur de ce témoignage leur soit réservée.

En dépit de l’avis défavorable de l’avocat général François Rabut, ils ordonnent cependant une nouvelle expertise en écriture et l’audition du témoin Louise Héranval.

"Le Figaro", 5 juin 1993, article de Véziane de Vezins.

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"Libération", 5 juin 1993.

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L’expertise est confiée à un collège de cinq experts internationaux : trois Français (Françoise de Ricci d’Arnoux, Jean Dufour, Anne Bisotti), un Allemand (Manfred Hecker) et un Suisse (Pierre Margot). Ceux-ci concluent une nouvelle fois que les promesses de vente (ainsi que le télégramme envoyé du Havre) sont des faux que Seznec a fabriqué ou auxquels il a participé, puisque sa signature y figure.

Quant à Mme Héranval, entendue en juillet 1993, soit quatre mois après ses rétractations, elle déclare ne pas se souvenir d’avoir signé une attestation à un journaliste de la télévision. Selon les conclusions d’un rapport médical "elle souffre de troubles trop importants pour que son nouveau témoignage puisse être pris en considération".

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Le 28 juin 1996, l’arrêt de rejet de la demande en révision est lu par M. Hector Milleville, nouveau président de la Commission des révisions. Il donne lieu de la part du public acquis à la cause de Seznec à des bordées d’injures "Ordures !", "Justice pourrie !", "Honte à la France !".

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"Le Monde", 30 juin 1996.

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Interviewé par l’Agence France-Presse, Denis Seznec reconnaît que "le dénouement de cette affaire a buté sur un réflexe d’agacement de certains hauts magistrats devant la pression de l’opinion qui est unanime pour me soutenir mais aussi des politiques et des médias".

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En dépit de cet échec, Denis Seznec continue son travail de promotion médiatique. Conférences, meetings, participation à des émissions de radio et de télévision, vente de ses ouvrages dans les salons et fêtes du livre. De plus en plus, l’affaire Seznec devient le combat du petit-fils courageux contre la cruauté et l’injustice de la justice qui refuse de revenir sur ses décisions. Cet aspect l’emporte nettement sur les autres considérations, notamment juridiques. S’y ajoute parfois un réflexe identitaire breton contre la police et la justice de Paris, même si les jurés qui ont condamné Seznec étaient Bretons.

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Dans leur majorité, les médias prennent fait et cause pour la réhabilitation de Guillaume Seznec. Les mêmes arguments sont systématiquement repris par les journalistes. L’opinion publique est très nettement favorable à la cause de Seznec, comme elle lui avait été hostile au moment de son procès.

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Cependant, ce pilonnage médiatique suscite des réactions défavorables : des articles, des émissions et un certain nombre de livres remettent en cause l’innocence de Seznec. Sur les forums d’Internet se déroulent des débats houleux.

"Le Point", 31 mars 2005.

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"L’Affaire Quéméneur-Seznec. Enquête sur un mystère", de Bernez Rouz, journaliste, éditions Apogée, 2005.

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"L’Enigme Seznec", livre de Guy Penaud, ancien commissaire de police, éditions de la Lauze, 2006.

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"L’Affaire Seznec : nouvelles révélations" de Albert Baker, un Américain spécialiste de l’automobile ancienne, et Bertrand Vilain, Coëtquen Editions, 2011.

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Parmi les autres livres parus :

"Seznec : L’Impossible réhabilitation" et "Autour de Seznec" de Michel Keriel, éditions MEB, 1998 et Le Manuscrit, 2006.

"Moi, Pierre Quemeneur", roman de Aurélien Le Blé, éditions Alain Bargain, 1999.

"Seznec : En quête de vérité" de Daniel Le Petitcorps, éditions Le Télégramme, 2003 et 2012.

"L’homme sans tête, la piste oubliée de l’affaire Seznec" (éditions du Temps), 2010, par Annick Caraminot, recherches de Michel Sorin.

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Dans le numéro de "L’Histoire" de septembre 2001, l’historien Michel Pierre déclare "Il faut se garder de mouvements d’opinion qui concluent au statut de "martyr" et d’"innocent" avec la même pulsion passionnelle qui a pu entraîner en d’autres temps une condamnation à la guillotine.

"On ne peut pas, en matière de justice, considérer que tout est affaire de sentiments, aussi honorables soient-ils. J’ajoute qu’à force de vouloir trop prouver, on dessert la cause que l’on prétend défendre."

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"Le Monde", 30 janvier 2001.

En 1998, Denis Seznec affirme qu’il vient d’avoir connaissance d’un fait nouveau et dépose une nouvelle requête en révision. Celle-ci ne peut être admise car la loi de 1989 ne prévoit pas de recours pour les petits-enfants des condamnés. Cependant, fait exceptionnel, le 30 mars 2001, Mme Marylise Lebranchu, ministre de la Justice, saisit la Commission des révisions comme elle en a le droit. Mme Lebranchu est l’ancienne maire de Morlaix, ville où habitait Seznec avant sa condamnation, elle est également signataire de l’appel lancé par Denis Seznec en faveur de l’innocence de Guillaume Seznec.

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Interview de Denis Seznec dans "La Provence", janvier 2005.

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"Le Monde", 10 avril 2005, article de Franck Johannès.

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Le 11 avril 2005, après trois années d’instruction, la Commission de révision des condamnations pénales présidée par Martine Anzani décide de saisir la Chambre criminelle de la Cour de Cassation siégeant comme Cour de révision. L’avocat général Jean-Yves Launay s’est prononcé très nettement pour l’innocence de Seznec et donc la révision. Le fait nouveau "de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné" est un témoignage d’une ancienne résistante déportée, Mme Colette Noll, qui explique qu’elle a découvert dans le livre de Denis Seznec "Nous, les Seznec" la photo de Boudjema Gherdi et a reconnu en lui l’agent double qui a dénoncé son réseau à la Gestapo. Or, Pierre Bonny, l’inspecteur qui a participé à l’enquête de l’affaire Seznec, était l’un des principaux membres de la "Gestapo française". Il est donc possible que Bonny et Gherdi se connaissaient.

Les partisans de l’innocence de Seznec crient victoire. "C’est la dernière ligne droite vers la réhabilitation !". Cependant, ils ne prêtent pas assez attention aux paroles prononcées par la Présidente Martine Anzani : "La Commission n’est pas là pour faire droit à une demande de révision parce que c’est la mode. Nous ne sommes pas là pour faire plaisir à une campagne de presse ou à un ministre. La Commission a un dossier. Elle doit examiner ce qui est invoqué comme fait nouveau, sans a priori et sans certitudes."

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"La Montagne", 21 avril 2005. Denis Langlois, qui n’est plus avocat, continue de soutenir que le doute doit profiter au condamné Guillaume Seznec.

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"Le Monde", 4 octobre 2006.

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Le 5 octobre 2006, la Cour de révision présidée par Bruno Cotte entend lors de son audience les différentes parties. Le conseiller rapporteur Jean-Louis Castagnède se montre plus que réservé sur les éléments présentés en faveur de la révision. L’avocat général Jean-Yves Launay confirme sa certitude de l’innocence de Seznec, victime selon lui d’une machination policière. Mes Yves Baudelot et Jean-Denis Bredin plaident ensuite et Denis Seznec, autorisé à présenter ses observations, conclut : "Si une erreur judiciaire comme celle-là n’est pas reconnue, il y a de quoi s’asseoir par terre et pleurer."

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Le 14 décembre 2006, la Cour de révision rend son verdict. C’est un rejet de la demande en révision. (On parle d’une très nette majorité parmi les magistrats : 25 voix contre la révision sur 33 votants.)

Pour la Cour il n’y a "aucun fait nouveau ou élément inconnu de la juridiction au jour du procès de nature à faire naître un doute sur la culpabilité de Guillaume Seznec".

En ce qui concerne le témoignage de Colette Noll, la Cour estime que "aucun élément n’a permis d’établir un rapprochement entre l’agent double et Boudjema Gherdi, dont le nom n’apparaît pas dans les archives de la Résistance ou de la Collaboration".

Dès la fin de la lecture des 41 pages de l’arrêt par le Président de la Cour Bruno Cotte, Denis Seznec se lève et crie "C’est honteux ! C’est un scandale !". Devant le Palais de Justice, une foule où l’on remarque plusieurs drapeaux bretons, proteste violemment. Denis Seznec prend la parole en haut des marches du Palais : "C’est un désastre pour la justice, sa crédibilité, son image, son autorité. Elle vient de se prononcer contre le peuple français ! Depuis l’affaire d’Outreau, on savait la justice sourde et aveugle. Depuis l’affaire Seznec, on voit qu’elle est devenue folle !".

Il annonce qu’il va porter le dossier devant la Cour européenne des droits de l’homme. (Il y renoncera dans les jours suivants.)

Le matin même, Denis Seznec avait publié une nouvelle édition de son livre "Nous, les Seznec".

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Émission "2.000 ans d’histoire" de Patrice Gélinet sur "France-Inter", avec la participation du journaliste Bernez Rouz, le 15 décembre 2006.

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"Le Monde", 16 décembre 2006.

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Me Yves Baudelot.

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Me Jean-Denis Bredin

Les avocats de la famille Seznec, expriment leur déception et leur stupéfaction devant le "sinistre arrêt" de la Cour de révision. "Guillaume Seznec, l’homme qui a été condamné par erreur judiciaire le 4 novembre 1924, n’a cessé de clamer son innocence. Depuis plus de 80 ans, sa famille, ses proches, ses défenseurs, une large partie de l’opinion publique se sont battus pour sa réhabilitation. Mais la justice est restée sourde. Elle est indépendante !".

"Triste justice, concluent-ils, incapable de reconnaître ses erreurs et de se remettre en cause, alors même que le droit lui en ouvre la voie !"

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"Vérité mémorielle et vérité judiciaire ne peuvent se rencontrer, commente le magistrat et essayiste Denis Salas. La justice n’a à séduire ni un électorat ni l’opinion publique."

De son côté, Laurence Mollaret, vice-présidente du Syndicat de la Magistrature, déclare "Une décision juridique n’a pas pour mission de répondre à l’émotion d’une famille mais à une exigence procédurale".

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En janvier 2010, le réalisateur Robert Hossein met en scène une pièce de théâtre intitulée "Seznec, un procès impitoyable". À la fin du spectacle, les spectateurs peuvent voter pour ou contre la culpabilité de Seznec. Le verdict est sans surprise. Chaque soir, Guillaume Seznec est acquitté par plus de 90 % des votants. La pièce connaît un succès important. Elle est retransmise le 20 avril 2010 par la chaîne de télévision France 2, ce qui permet aux téléspectateurs de voter très largement par téléphone, sms ou mail, pour l’acquittement de Seznec. Cependant cette opération démagogique, qui s’appuie sur des éléments délibérément orientés, suscite des réactions hostiles des médias, notamment du "Monde" et de "L’Express".

"Le Monde", article de Franck Johannès.

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En 2011, Jean-Pierre Dintilhac, ancien Président de chambre à la Cour de cassation, écrit dans la préface d’un livre de Jean Favard sur les révisions de procès : "Les crimes célèbres peuvent susciter des vocations d’enquêteurs chez des descendants de condamnés, sans que l’on puisse toujours distinguer ce qui procède de la volonté de tenter de laver l’honneur d’un ancêtre, quitte à prendre de l’aise avec les éléments incontestables du dossier, et l’exploitation d’un filon commercial, découvert comme une sorte d’héritage posthume, avec lancement à grand renfort de publicités, de livres et même de films."

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Le 30 juin 1996, après le rejet de la requête en révision, Me Denis Langlois avait adressé aux agences de presse un communiqué qui n’eut aucun écho.

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Le 17 juillet 1996, Me Langlois eut un entretien avec Jean Favard, le conseiller-rapporteur de la Commission. Cet entretien est relaté quinze ans plus tard par Jean Favard dans son livre "Quelques affaires retentissantes. Les révisions en question". Cependant, le récit comporte plusieurs erreurs, notamment en ce qui concerne la version personnelle que Denis Langlois a donnée de la mort de Quémeneur.

(Le livre de Jean Favard, magistrat spécialiste des questions pénitentiaires et ancien conseiller technique du Ministre Robert Badinter, n’a été publié qu’en 2011. Il avait expressément demandé que cet ouvrage ne paraisse qu’après sa mort survenue en 2010.)

En s’adressant à lui, Me Langlois pensait que la révélation du "secret de la famille Seznec" pouvait aboutir à une nouvelle procédure en révision fondée non pas sur l’innocence complète de Seznec comme cela avait jusqu’ici été le cas, mais sur le doute en ce qui concerne le meurtre de Quémeneur (la participation de Seznec aux faux en écriture n’étant guère contestable).

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Les magistrats de la Cour de Cassation étaient-ils disposés à accepter une révision s’appuyant sur l’existence d’un doute en ce qui concerne l’assassinat de Quémeneur par Seznec ? Il est difficile de le dire. Cependant, le livre de Jean Favard va assez nettement dans ce sens. Il critique "l’inébranlable tout ou rien qui a cristallisé les positions pendant plus de 80 ans et n’a abouti qu’à une impasse. Les partisans de la complète innocence de Seznec ont en vain rivalisé d’imagination."

Jean Favard rapporte que, lors du délibéré de 1996, il proposa à ses collègues de la Commission de dire que "après avoir constaté que Seznec n’était pas innocent des faux et qu’il avait caché la mort de Quémeneur, il n’était pas inenvisageable qu’il ait pu ne pas être un meurtrier" (page 91).

"Ainsi, écrit-il plus loin, n’aurais-je aucun mal à accorder à Seznec le bénéfice du doute en ce qui concerne le meurtre, dès lors que l’on ne peut pas exclure que la mort de Quémeneur ait été accidentelle." (page 118).

Un autre élément va dans cette direction. Le début de l’audience du 5 octobre 2006 devant la Cour de révision fut marqué par un évènement que les médias, acquis à l’innocence de Seznec, passèrent généralement sous silence. Pour la première fois depuis longtemps, la famille Quémeneur se manifesta sous la forme d’une lettre signée par plusieurs petits-neveux de Pierre Quémeneur. Ils indiquaient notamment que "le doute éventuel sur le meurtre n’entraîne pas un doute sur l’auteur des faux, Guillaume Seznec".

Denis Seznec et ses avocats, enfermés dans leur stratégie de "l’innocence complète de Seznec" ne saisirent pas la perche qui leur était tendue. La révision aurait-elle été obtenue ? Il est bien sûr impossible de le dire.

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La question du "doute sur le meurtre" ou "l’innocence complète" avait opposé Denis Seznec et Me Langlois. Dans son mémoire du 26 janvier 1990, qui est l’un des derniers actes de procédure qu’il effectua avant d’être remplacé par deux autres avocats, Denis Langlois s’appuyait largement sur la notion de "doute" retenue par la loi de 1989 sur les révisions (pages 16 et 17 de son mémoire).

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Dans ses observations, Denis Seznec le lui reprocha vivement : "Il n’y aura pas de révision sur le doute. Seulement sur la certitude ou la vraisemblance très forte de l’innocence. (...) Seul compte pour moi que le mémoire soit une affirmation d’innocence plus qu’un éloge du doute."

La Cour lui donna tort en rejetant en 2006 sa dernière demande en révision. Ce qui ne veut certes pas dire que les arguments de Me Langlois auraient été retenus. Cependant, après le rejet de 1996, cette stratégie plus conforme aux incertitudes et aux zones d’ombre de l’affaire Seznec méritait d’être tentée.

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Derniers rebondissements  :

Le 14 avril 2012, Denis Seznec annonce qu’il rejoint le Comité de soutien de Marine Le Pen, candidate du Front National à l’élection présidentielle.

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Le Figaro, 2 mai 2012

Le 1er mai 2012, il participe au défilé du Front National à Paris.

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Denis Seznec avec Me Gilbert Collard, futur député du Front National.

Journal du Dimanche, 11 juin 2012.

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Réactions :

Article de Christophe Conte, paru dans "Les Inrocks" du 26 septembre 2011.

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Article de Roland Agret, publié sur le blog "Action justice et faits divers" le 15 avril 2012.

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Interview de Liliane Langellier par Jean-Matthieu Gosselin, dans la revue "Actualité de l’Histoire" de septembre 2013.

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Article de Liliane Langellier, publié sur le blog de Mediapart le 12 décembre 2013.

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27 novembre 2013, dans "Lyon Capitale", déclarations de Bruno Cotte, ancien Président de la Cour de révision qui a rejeté la demande de Denis Seznec en 2006. (Extrait de l’interview de Christelle Monteagudo) :

"Il y a la logique bien particulière de l’opinion publique, qu’alimentent, si je puis dire, des comités de soutien et certains organes de presse. J’ai eu à connaître, au stade de la Cour de révision, des requêtes présentées par M. Omar Raddad et au nom de M. Guillaume Seznec. Après un travail très approfondi, la cour, au terme de ses délibérés, a rejeté ces deux requêtes. Elle s’en est expliquée en motivant longuement ses arrêts. D’évidence, ils n’ont pas été compris par tous. La démarche juridique, inévitablement un peu aride, et l’émotion qui entourent la présentation de certaines requêtes s’avèrent en réalité guère conciliables. C’est regrettable et cela demande, de la part des professionnels du droit et de la presse spécialisée, un effort pédagogique important et objectif."

 

Le 20 juin 2014 est promulguée une nouvelle loi sur les révisions de procès. Elle permet notamment aux petits-enfants et arrière-petits-enfants d’un condamné décédé de déposer une demande en révision.

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Le 4 novembre 2014, à l’occasion du 90e anniversaire de la condamnation de Guillaume Seznec par la Cour d’Assises de Quimper, France 3 Bretagne diffuse une émission spéciale consacrée à l’affaire. Le journaliste Bernez Rouz y intervient.. (Article de Marc-André Mouchère).

 

Le 19 décembre 2014, dans l’émission de radio "L’Heure du crime" sur RTL, Denis Seznec annonce qu’il a l’intention de profiter des dispositions de la nouvelle loi du 20 juin 2014 pour déposer une quinzième demande en révision le 20 ou 21 janvier 2015. Malgré les questions insistantes de Jacques Pradel, il ne précise pas sur quels éléments nouveaux il compte s’appuyer.

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Réactions :

Jacques Pradel et Denis Seznec nous en remettent une louche..., article paru sur le blog "L’Affaire Seznec revisitée", le 19 décembre 2014.
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L’affaire Seznec, ça repart dans le poste de TSF..., sur le blog Baker/Vilain, le 19 décembre 2014.

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Pour la Suite (Affaire Seznec 2015-2023) Cliquez Ici

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On trouvera dans la rubrique Médias les différents articles et émissions qui ont été consacrés à "Pour en finir avec l’affaire Seznec".

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Autres dossiers de Denis Langlois concernant la justice, la police et les droits de l’homme en France :

*L’Affaire Saint-Aubin

*Les Dossiers noirs de la justice française

*Les Dossiers noirs de la police française

*La Ligue des droits de l’homme (1967-1971).


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